Trottinette électrique : faut-il rendre le port du casque obligatoire ?

Alex
Rédigé le 11 juin 2019
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Pourquoi le gouvernement n’impose-t-il pas le port du casque aux adeptes de la micro-mobilité, plutôt que de prendre des mesures pénalisant le développement des usagers comme la réduction à 20 km/h de la vitesse maximale autorisée par construction ? Voilà en substance le débat qui anime les adeptes de la trottinette électrique pendant que les députés discutent les différents articles de la Loi d’Orientation des Mobilités qui encadrera demain les mobilités douces.

S’il est relancé grâce à l’essor des engins de déplacement personnel motorisés, le débat sur le port du casque obligatoire n’a rien de nouveau. Il court par exemple depuis plus de vingt ans dans le monde du vélo et suscite l’opposition virulente de toutes les associations et fédérations du secteur. Toutes estiment qu’une telle contrainte réduirait fortement les usages. Aujourd’hui, le casque à vélo n’est obligatoire que pour les enfants de moins de 12 ans.

Casque obligatoire : les partisans du oui

Plusieurs des députés engagés dans l’examen de la LOM ont déposé et soutenu des amendements visant à inscrire dans le texte de la future loi l’obligation du port du casque pour tous les usagers de trottinettes électriques.

Arguments ? Pour eux, le casque obligatoire est une mesure de sécurité indispensable au regard de l’explosion des usages. Puisque la trottinette n’offre aucune protection physique à l’usager alors que ce dernier circule à proximité d’autres véhicules, le principe de précaution veut que l’on impose des protections, à commencer par la tête. Ils estiment que la prévention et le casque « conseillé » ne sont pas suffisants pour que le port systématique devienne un réflexe. Certains recommandent d’ailleurs d’étendre cette obligation aux vélos électriques, de façon à ce qu’elle concerne tous les engins disposant d’un moteur.

Le principe de précaution compte également des adeptes chez les possesseurs d’engin électrique. Sur les groupes Facebook dédiées aux principales marques du secteur, ils sont plusieurs à souligner que le casque obligatoire pourrait constituer un argument de réassurance pour encourager les pouvoirs publics à accorder une place plus importante aux véhicules électriques sur la voie publique. D’aucuns espèrent également que le casque obligatoire encourage la création d’une catégorie intermédiaire pour les trottinettes et roues électriques roulant jusqu’à 45 km/h, à l’image de ce que prévoit le code de la Route pour les cyclomoteurs et scooters.

Ces usagers passionnés rappellent par ailleurs qu’ils sont déjà nombreux à avoir adopté le casque spontanément, et regrettent que les discussions en cours soient conditionnées par le phénomène du free floating et les dérives qu’il entraîne.

Contre l’obligation : les partisans du non

Le port du casque obligatoire compte aussi ses détracteurs, comme l’ont montré les débats à l’Assemblée nationale. Les amendements visant à imposer le casque ont d’ailleurs été rejetés en première lecture le 7 juin dernier. Le principal motif de refus tient au développement des usages : imposer le port de protections aurait pour effet de détourner les utilisateurs vers d’autres modes de transport plus permissifs. L’argument revient fréquemment dans le monde du vélo. On y rappelle que les statistiques d’utilisation se sont effondrées en Australie après que le pays a décidé d’imposer le port du casque.

Les partisans de la simple recommandation soutiennent également qu’il est malvenu d’imposer une protection sur des engins dont on ne mesure pas encore correctement l’accidentologie. Il est en effet déjà difficile d’évaluer avec précision le nombre d’accidents impliquant des trottinettes électriques (ou d’autres EDP). Il est encore plus compliqué de mesurer l’impact réel du casque en termes de sécurité, sachant que les victimes d’accident ne souffrent pas nécessairement d’un choc à la tête.

Pour l’instant, le non l’emporte

Les futures règles de circulation des trott, roues et skates électriques seront encadrées à la fois par la LOM et par le décret annoncé par le gouvernement et attendu pour la rentrée de septembre. Ces deux textes sont encore largement susceptibles de changer. La LOM fait l’objet d’une procédure accélérée qui prévoir un passage unique devant les deux chambres du parlement. Le Sénat a déjà voté le texte et l’Assemblée nationale l’examine en ce moment même. Il appartiendra ensuite à une commission mixte paritaire (CMP), mêlant députés et sénateurs, d’harmoniser les deux versions du texte pour aboutir à une loi définitive. Le décret, actuellement examiné au conseil de l’Europe, peut quant à lui faire l’objet de changements si le Gouvernement le décide.

En l’état actuel des choses et sans préjuger d’éventuelles évolutions à venir, la majorité se prononce en faveur de la non obligation.

« Chacun doit avoir en tête que les associations de cyclistes sont unanimement contre l’obligation du port du casque. Peut-être qu’on sait mieux qu’elles ce qu’il faut pour le vélo, mais telle est en tout cas leur position. On ne peut pas à la fois prétendre encourager l’usage du vélo et vouloir imposer le port du casque à vélo. Les loueurs de trottinettes, les opérateurs de free floating, et 70 % des Français qui utilisent ces trottinettes nous disent que l’obligation du port du casque conduirait à l’arrêt de cette activité », a résumé la ministre des Transports, Elisabeth Borne, lors des discussions sur la loi LOM à l’Assemblée nationale.

Promouvoir la « sécurité par le nombre » ?

« Les solutions pour renforcer la sécurité des utilisateurs de vélos comme de trottinettes sont ailleurs : dans des infrastructures dédiées et dans l’éducation. Écoutons les associations qui veulent promouvoir l’usage du vélo et ne votons pas cette nouvelle obligation », a fait valoir le député du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin au cours des mêmes échanges.

Dans le monde du vélo, les partisans du casque non obligatoire rappellent souvent l’exemple des Pays-Bas. Le pays n’impose aucune contrainte particulière aux cyclistes, et pourtant le taux d’accidents y est très faible, notamment grâce au développement des pistes cyclables et des voies de circulation réservées.

L’exemple hollandais livre un autre enseignement qui mérite certainement d’être analysé au regard des problématiques spécifiques à la France ou à l’arrivée du free floating. Il confirme, comme le suggérant déjà la sécurité routière en 2012 dans une étude sur l’accidentologie, l’effet de la « sécurité par le nombre ». Le principe ? Plus une communauté d’usagers est importante en volume et plus le risque d’accidents diminue…

 

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4 Commentaires

  1. Toutes ces trottinettes se retrouvent abandonnées n’importent où sur les trottoirs et devant les portes d’immeubles ! Puisque que vous ne pouvez pas compter sur le sens des responsabilités et le civisme des utilisateurs, c’est à vous loueurs à les obliger à respecter les règles ! Le moyen le plus sûr serait d’introduire un code utilisateur dans un petit boitier qui identifierait le nom, le numéro de carte identité et l’adresse de la personne utilisatrice.
    Il suffirait pour cela de faire remplir un profil utilisateur sur votre site web dans lequel y serait indiqué que le nom respect des règles en matière de code de la route, de sécurité et de stationnement des trottinettes relève de la responsabilité des utilisateurs.
    L’abandon des trottinettes sur les endroits non prévus à cet effet, la société transmettra à l’auteur de l’infraction les montants des amendes infligées par les forces de l’ordre. La société n’est pas responsable du non non-respect du code de la route et du manque de civisme des utilisateurs de nos produits. Voilà, je crois que cela en responsabiliserait quelques-uns!

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  2. Il faut être stupide pour rouler à vélo électrique ou non en ville ou à la campagne sans porter un casque qui est le minimum des protections
    Pour avoir loué des trottinettes à Paris durant mes vacances ce ne serait pas un luxe d’obliger le port du casque car au final ces petites bêtes roulent assez vite
    Quand au commentaire du dessus qui n’a rien a voir avec le sujet je dirais que je n’ai pas vu d’utilisateurs abandonner leur trottinette n’importe ou car en plus la société Lime demande de faire une photo lors du verrouillage, je soupçonne plutôt les personnes que ces trottinettes dérangent de les balancer la nuit sur les trottoirs ou sur la chaussée puis ensuite de venir crier au loup afin de les faire interdire
    Un vacancier de la Réunion qui a été conquis par la trottinette électrique

    Répondre
  3. Je suis contre le port du casque à vélo ou à trottinette car j en ai plus qu’ assez de toutes les contraintes que nous subissons au nom de la sécurité. Ainsi conduire une voiture est devenu un cauchemar avec tous ces ralentisseurs, voies abusivement réduites par divers objets disposés sur la chaussée qui rendent souvent la circulation plus dangereuse. Pourquoi aussi ne pas rendre obligatoire le port du casque dans la baignoire puisqu il y a aussi de nombreux accidents dans les salles de bains? Si nous utilisons les trottinettes, gyropodes ou vélos c est pour fuir la crasse, la promiscuité et la lenteur des transports en commun tout en prenant un peu de plaisir. De grâce, les ayatollahs de la sécurité, foutez nous la paix.

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