Où acheter sa gyroroue ou sa trottinette électrique ?

Alex
Rédigé le 22 octobre 2017
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Comment s’organisent les réseaux de distribution, entre la Chine où sont fabriqués nos véhicules électriques préférés et les sites Web qui les vendent aux consommateurs français ou européens ?

La question ne présente a priori pas grand intérêt pour celui qui cherche simplement à s’offrir une trottinette électrique pour aller travailler. Elle a pourtant son importance dans la mesure où l’origine du produit conditionne parfois les caractéristiques et l’accès au service après-vente. Elle soulève enfin une question qui cette fois ne laisse personne indifférent : celle du prix !

Comment se fait-il par exemple qu’une trottinette comme la E-Twow Booster S2 Plus puisse être affichée à des tarifs variant de 800 à 1200 euros ? Nous allons essayer via cet article d’expliquer les grands mécanismes de la distribution de gyroroue ou de trottinette, en espérant que ces informations vous permettront de mieux comprendre quelles sont les contreparties à admettre quand un produit est vendu significativement moins cher.

Le circuit officiel : propre, mais plus cher

Qu’il s’agisse de gyroroues ou de trottinettes, la plupart des grands constructeurs sont basés en Chine, généralement à Shenzhen ou à Canton, qui sont les deux grands pôles industriels depuis lesquels l’Empire du Milieu inonde le monde.

Dans leurs usines (ou les ateliers qui tiennent lieu d’usine…), ces marques assemblent leurs véhicules avant de les confier à des intermédiaires qui se chargent ensuite d’aller les placer dans les magasins, physiques ou en ligne. Sur le marché domestique, ce modèle traditionnel fonctionne très bien, mais il répond mal à la problématique de l’international.

Pour se lancer en Europe ou aux Etats-Unis, les constructeurs tissent donc des relations avec des acteurs locaux auxquels ils accordent des contrats de distribution, parfois assortis d’une exclusivité et de l’autorisation d’exploiter commercialement leur marque.

« Ninebot by Segway France » n’est pas une filiale du groupe chinois Ninebot by Segway mais un distributeur tiers (en l’occurrence, une société baptisée Big Robots). Même topo du côté de KingSong Europe ou E-Twow France : ces sociétés ne sont (à notre connaissance) pas liées capitalistiquement aux constructeurs du même nom.

Un interlocuteur en cas de problème

Elles en sont en revanche les représentants officiels, ce qui signifie qu’elles sont chargées de gérer les aspects commerciaux sur le marché concerné. En pratique, elles assurent donc la distribution des produits de la marque via leur propre réseau commercial ou en passant par des tiers (boutiques spécialisées par exemple). Dans certains cas, l’accord de distribution est exclusif, ce qui signifie que l’enseigne est la seule à pouvoir importer et commercialiser les produits de la marque… du moins en théorie.

En contrepartie de cet accord, le représentant officiel est chargé de gérer tous les aspects de la relation commerciale : mise en conformité avec la réglementation locale, procédures liées à l’import, service après-vente, promotion et marketing.

Pour le client, quel est l’intérêt de passer par le circuit officiel ? Il profite de produits en règle, non contrefaits et souvent préparés ou améliorés de façon à gommer certains défauts qui ne sont pas prohibitifs en Chine.

Un exemple ? E-Twow France réalise manuellement les opérations d’étanchéité sur les trottinettes Booster de façon à ce qu’elles circulent sans problème sous la pluie. Un Gotway France ou un KingSong Europe interviendra sur les roues qu’il importe quand des soudures un peu légères sont repérées par des clients de la première heure, histoire que les futurs acheteurs ne soient pas confrontés au problème. Enfin, ils assurent le traitement des incidents et la réparation en SAV directement depuis la France.

Tous ces services ont un coût. Leurs produits sont vendus au « prix catalogue », calculé pour intégrer une marge, bien sûr, mais aussi prendre en compte ces frais annexes.

Puisqu’elles ne tiennent pas à perdre de l’argent, les boutiques qui s’approvisionnent chez le distributeur officiel de la marque proposent donc à leur tour des tarifs égaux ou supérieurs à ce prix catalogue.

La zone grise des intermédiaires basés en France

Comment se fait-il dans ce cas qu’on trouve sur Amazon une E-Twow Booster S2 Plus à 862 euros, quand le prix catalogue affiché chez E-Twow France est de 949 euros ? La réponse est simple : le véhicule ne vient ni de chez E-Twow France, ni de chez SXT ou Interbrands, qui sont les deux autres distributeurs officiels de la marque.

etwow sur amazonL’une est IP54 mais pas l’autre ? 

Amazon, Cdiscount, Rue du Commerce et les autres comptent dans leurs rangs des hordes d’acheteurs dont le métier est de négocier les produits au plus bas prix. Pour ce faire, ces acheteurs explorent la très longue liste des intermédiaires qui officient sur leur cœur de marché au niveau mondial. Business is business : quand un intermédiaire propose un stock de produits originaux à prix cassé, l’acheteur va privilégier cette source d’approvisionnement au distributeur officiel.

Un même marchand peut d’ailleurs très bien exploiter indifféremment ces deux canaux. C’est le cas d’Amazon, chez qui la Booster S2 Plus est aussi vendue à son prix officiel de 949 euros grâce au jeu des marchands tiers (marketplace). Dans le premier cas, la trottinette vient certainement d’un revendeur asiatique tiers. Dans le second, elle est vraisemblablement passée par un distributeur officiel de la marque.

Quelle différence pour le client ?

En cas de problème, Amazon se tournera vers son intermédiaire pour traiter le SAV et la réparation. Si l’intermédiaire est un grossiste à Hong Kong, la procédure risque de prendre du temps. S’il s’agit du distributeur officiel, la réparation lui sera confiée. Sans surprise, ces subtilités ne sont pas précisées au client, qui sera parfois confronté à des produits garantis un an alors qu’une couverture de deux ans est affichée dans le canal officiel…

Du fait de ces approvisionnements parallèles, il arrive que les relations se tendent. Début septembre, on a par exemple pu constater sur la page Facebook de KingSong Europe un post au ton quelque peu véhément signalant que la société arrêtait de travailler avec l’un de ses revendeurs, Urban 360. La publication a depuis été supprimée, mais on en retrouve la trace dans un thread du forum Esprit Roue. Raison de la grogne ? Le revendeur est accusé d’avoir importé par ses propres moyens une gyroroue de la marque et d’en avoir gonflé le prix. Ambiance…

L’opacité de ces relations commerciales est évidemment une mauvaise nouvelle pour le consommateur qui ne sait plus à quel saint se vouer…

L’appel de la Chine

L’avènement du commerce en ligne ne fait rien pour arranger le problème, au contraire. Depuis quelques années, les géants chinois de la vente en ligne lorgnent sur les marchés européens. Ils rivalisent désormais de promotions, de programmes d’affiliation et de conditions attractives pour percer en France.

Jouant à fond la carte des économies d’échelle et la stratégie de domination par les coûts, ils proposent au consommateur européen d’acheter des produits fabriqués en Chine au tarif du marché local !

Ces intermédiaires, ce sont les Gearbest, Tomtop et autres Aliexpress, dont la notoriété s’est notamment faite grâce aux forums et sites spécialisés dans les bons plans. Leur coup de génie a été d’accompagner la montée de marques comme Xiaomi dans l’univers high-tech et particulièrement la téléphonie mobile. Forts de ces premiers succès, ils s’attellent maintenant à de nouveaux marchés comme celui de la mobilité électrique.

trottinettes etwow sur aliexpressSur Aliexpress, les tarifs ne sont plus les mêmes…

Résultat des courses ? Celui qui veut une trottinette E-Twow ou une roue KingSong peut maintenant lorgner du côté de ces plateformes. On accepte un délai de livraison un peu plus long (trente à quarante jours pour les produits Xiaomi chez Gearbest par exemple) mais on profite de frais de port gratuits et de sécurités comme celles offertes par Paypal, histoire de récupérer son argent en cas de litige. Avec ce nouveau canal, les prix défient toute concurrence : on trouve assez facilement des produits à -30% ou -40% par rapport aux tarifs pratiqués par les vendeurs français, qu’ils soient officiels ou non.

On s’expose toutefois à quelques déconvenues : première génération d’un produit depuis largement amélioré par le constructeur, frais de douane intempestif ou colis perdu entre l’Oural et la Pologne, sans parler de la quasi-impossibilité d’obtenir un SAV correct en cas de problème. Les marchands Aliexpress acceptent généralement de vous renvoyer un chargeur électrique qui s’est perdu en route, mais ils ne répareront pas votre trottinette pour vous. Vous n’auriez de toute façon pas vraiment envie de l’envoyer en Chine à vos frais !

Quand on achète sur ces plateformes, on doit donc savoir que l’on prend le risque de devoir bricoler un peu en cas de problème. La M365 de Xiaomi sur laquelle nous nous pencherons bientôt en est la parfaite illustration.

Alors que faire au moment de s’équiper ? Il n’y pas de bonne ou de mauvaise solution : on peut accepter de payer plus cher pour profiter des avantages d’un réseau ou au contraire chercher le prix le plus bas possible, quitte à s’asseoir sur certaines commodités. L’essentiel est de prendre sa décision en connaissance de cause : on espère donc que ce long article vous aura aidé à y voir plus clair !

 

 

 

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6 Commentaires

  1. Bel article en effet qui expose bien les risques et les avantages de chaque canal. Nous voyons régulièrement des personnes qui viennent chercher chez nous le SAV qu’elles n’ont pu obtenir après des achats sur le net. Et cela y compris sur des plateformes reconnues type CDiscount.
    Vous illustrez bien aussi le leure que peut être un nom de domaine avec l’exemple de etwow France qui fait, en fait, jeu égal avec d’autres importateurs comme SXT. L’important étant que tout deux s’approvisionnent à la source et non de trader chinois.
    Parfois, un nom de domaine est trompeur. On a par exemple le cas d’inokim où coexiste des sites Inokim.france et inokim-france… il y avait eu aussi un Gotway-France en son temps.
    On a donc très vite fait l’experience de l’importance de choisir ses fournisseurs sur bien plus que la promesse produit mais aussi, entre autres, celui d’être réellement officiel de la marque ou la marque elle même (vérifiable auprès de l’usine).
    Vous me direz que je prêche pour ma paroisse. C’est vrai! mais il y a avantages à se rendre dans une boutique qui a pignon sur rue et que vous pouvez aller voir en cas de pépin

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  2. Merci Bérangère ! je me suis concentré sur les forces et faiblesses des vendeurs en ligne, mais il est vrai que les boutiques apportent encore une proposition de valeur supplémentaire avec l’accompagnement, l’essai et bien sûr le service après-vente. Venez donc ouvrir une boutique à Bordeaux 😉

    Répondre
  3. Article bien étayé sur les risques à l’importation. A ces risques viennent s’ajouter celui d’acheter
    une fausse trottinette qui ne vient pas du constructeur, comme en atteste la 3 ème image de etwow que vous montrez en exemple dans votre article. Le rôle de etwow France est également comme vous le soulignez d’apporter une valeur ajoutée au produit, notamment sur l’étanchéité ou l’amélioration des caractéristiques constructeur. Les revendeurs reconnus par le réseau etwow France sont listés sur le site http://www.e-twow.fr

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  4. A lire ces articles et vos commentaires, comment E-twow assume sa garantie fournisseur de ses produits alors que vous les avez retravaillés (étanchéité).

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